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Au nom de tous les miens !
4 décembre 2010

Penser l'avenir

     "  Penser demain, c’est vivre aujourd’hui. Que l’on y songe un instant. Imaginez, lecteur, que la fin du monde soit certaine dans trois jours. Cela changerait-il votre emploi du temps des prochaines 36 heures ? Evidemment oui. Il n’y a plus lieu, de travailler, d’étudier, d’investir, d’épargner. Tout doit être vécu dans l’instant. Pour certains, la recherche du plaisir total permettra seule d’échapper à l’idée de la mort. Le sage voudra se préparer à la mort dans le calme et le recueillement. Le sentiment religieux de ceux qui croient à l’au-delà sera exacerbée. Le présent n’est donc qu’une manifestation d’une vision consciente ou inconsciente de l’avenir. Refuser d’imaginer l’avenir tout en accomplissant les gestes du quotidien est encore une vision de l’avenir, même si elle est par défaut. Penser l’avenir, c’est donner un sens au présent et c’est, plus encore, justement préparer l’avenir. On prévoit moins l’avenir qu’on ne le prépare. Si l’on détermine que tous les citoyens doivent être connectés numériquement et que l’on investit massivement aujourd’hui dans le maillage complet du territoire national en fibres optiques, on change à la fois le présent et l’avenir et l’on augmente la probabilité que l’avenir soit plus conforme à ce que l’on souhaite qu’il soit. A l’inverse, renoncer à investir massivement dans les infrastructures du savoir, de l’énergie ou des transports, c’est à la fois prendre position sur l’avenir et vider le présent de toute ambition. Comme si l’on attendait simplement que l’avenir soit écrit par d’autres.

On peut penser l’avenir en l’imaginant tel qu’il pourrait être ou tel qu’il devrait être. Penser l’avenir tel qu’il pourrait être, c’est préparer l’action, soit pour contrer un avenir qui ne convient pas à nos valeurs ou à nos intérêts, soit pour s’y insérer en le dominant ou en en tirant profit. Penser l’avenir tel qu’il devrait être est aussi un discours sur le réel pour mieux le façonner. Les Pères fondateurs des Etats-Unis d’Amérique ont imaginé leur pays en réaction à un monde européen qu’ils rejetaient : ils voulaient jeter les bases d’un « nouveau monde » obéissant à d’autres valeurs. Certains auteurs ont imaginé un monde parfait, mais toujours avec le désir de changer le cours du monde réel. Thomas More écrit et décrit Utopie pour mieux montrer les insuffisances du monde dans lequel il est et indiquer une direction souhaitable de transformation de cette réalité. Platon, avant lui, avait imaginé un monde souhaitable dans La République pour mieux discourir sur le régime politique idéal de la Cité grecque. L’auteur d’une utopie affirme toujours que l’homme peut changer son destin. Les utopies ont rythmé la pensée occidentale : la Nouvelle Atlantide de Francis Bacon, L’Eldorado dans le Candide de Voltaire, et des dizaines d’autres. Il s’agit là, moins de prévoir les événements, que d’identifier les moteurs du changement.

Est-il donc indifférent que la France soit en panne de représentation de l’avenir ? Tous les analystes économiques et politiques, selon leur angle d’étude, nous décrivent depuis quinze ans et plus que jamais aujourd’hui, un pays sans vision de l’avenir, sans confiance du lendemain et avec l’opinion partagée par plus de 70% de la population que demain sera pire qu’aujourd’hui. Ce pire est soit informe, soit apocalyptique avec des variantes sur le thème « le capitalisme prédateur va asservir le peuple ». Est-il indifférent que l’Allemagne ait conçu il y a vingt ans un projet « Allemagne base productive » qui ait été mis en œuvre par des réformes conduites par tous les responsables allemands depuis ? En sorte que l’Allemagne semble avoir su maîtriser le dragon hideux – le capitalisme prédateur – pour le mettre au service de sa réussite. Est-il indifférent que la Chine, la Corée du Sud ou Singapour allouent des moyens considérables pour comprendre les conditions de réussite de l’économie de l’innovation et de la métropolisation qui transforment le monde ? Et si l’action politique était aujourd’hui en France socialement conflictuelle et intellectuellement asséchée parce que nous ne sommes plus capables de penser l’avenir ? "

           Par Christian SAINT-ETIENNE :   http://www.christiansaint-etienne.eu      

P/S:  Avec l'autorisation  de Ch. Saint-Etienne !....Que chacun pense l'avenir.

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